Et Noa… Noa écoutait tout. Les cris. Les reproches. Les accusations. Il les entendait se déchirer chaque nuit, alors que lui-même pleurait en silence, serrant un vieux doudou contre sa poitrine. Aucun d’eux ne semblait se souvenir qu’il était encore là, lui, leur deuxième fils. Vivant. Fragile.
Un soir, après une énième dispute assourdissante, Noa craqua. Il hurla à ses parents d’arrêter, mais sa voix se perdit dans le chaos. Il ne supportait plus ces murs chargés de colère. Il ne voulait plus rester dans cette maison où personne ne le regardait plus comme un enfant, mais comme un rappel douloureux de celui qu’ils avaient perdu.
Alors, Noa prit une décision.
Il sortit en douce, sous le ciel tombant, tenant dans ses mains tremblantes un petit bouquet de dahlias — les fleurs qu’il et Élias avaient plantées ensemble au printemps. Il marcha sans bruit jusqu’au cimetière, situé à quelques rues de là.
Il retrouva la tombe de son frère. Là, il s’agenouilla.
— Tu me manques, Élias… Je suis si seul.
Il parla longtemps, comme s’il espérait qu’une brise lui réponde. Il raconta les cris, les silences, l’indifférence. Il raconta les petits-déjeuners brûlés, l’absence de câlins, l’école sans joie. Il pleura tant qu’il ne sentit plus ses joues.
Le temps passa. Le ciel s’assombrit. Le silence du cimetière devint étrange, presque lourd. Puis, un bruissement. Quelqu’un — ou quelque chose — marchait entre les tombes.
