Les murmures reprirent. Nicolas, toujours à genoux, regardait son chien avec étonnement. Avait-il senti ce que personne d’autre n’avait remarqué ? Tao, fidèle jusqu’au bout, venait peut-être de sauver l’honneur de son maître.
Dans les jours qui suivirent, une enquête interne fut ouverte. Des éléments troublants furent découverts. Certains documents de l’enquête originale semblaient avoir été modifiés. Des témoignages avaient été influencés. Et au cœur de ces anomalies, le procureur lui-même semblait impliqué.
Finalement, les charges contre Nicolas furent réévaluées. Certaines furent abandonnées, d’autres réduites. Le juge reconnut que si des erreurs avaient été commises par l’accusé, elles avaient été exacerbées par un contexte plus complexe que prévu.
Nicolas fut condamné à une peine aménagée, lui permettant de reprendre une vie normale sous condition. Mais plus encore que sa liberté, c’était sa dignité qu’il avait récupérée.
Quelques mois plus tard, dans un petit village tranquille du sud de la France, Nicolas vivait désormais dans une maison modeste, entourée de verdure. Tao dormait souvent sous l’arbre près du jardin, le museau tourné vers le vent.
— Tu m’as sauvé, mon vieux, lui disait Nicolas en caressant sa tête. Pas par des mots, mais par ta loyauté. J’aurais tout perdu sans toi.
Tao remuait la queue doucement, heureux d’être là, simplement.
Et c’est peut-être cela, au fond, la plus belle forme de justice : celle qui ne se dit pas dans les tribunaux, mais dans les silences partagés entre deux êtres qui se comprennent.